La façade ouest (2000)

Compiègne

Saint-Antoine * * * Afficher la carte

Paroissiale

Diocèse : Soissons

Classé monument historique en 1840

Coordonnées GPS :
49°24' 57" N 2°49' 24" E
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Compiègne, église Saint-Antoine

Comme Saint-Jacques, la paroisse Saint-Antoine a été fondée en 1199 pour répondre au développement de la ville autour des pôles formés par le palais royal et l’abbaye Saint-Corneille. La construction de l’église n’a pas dû intervenir immédiatement car les parties les plus anciennes (transept et deux dernières travées de la nef) ne sont pas antérieures aux années 1230. Pour le reste, Saint-Antoine est un très bel édifice de la première moitié du 16ème siècle, de style gothique flamboyant. L’église a malheureusement perdu la quasi totalité de son mobilier et de ses vitraux anciens dès 1768, lors d’une malencontreuse opération de “mise au goût du jour”, courante à l’époque, puis à la suite de la Révolution.

Plus vaste que Saint-Jacques, Saint-Antoine atteint une longueur de 64 m et son plan comprend une nef de six travées avec bas-côtés, un transept non saillant et un vaste choeur composé de trois travées droites avec bas-côtés et d’une abside que contourne un déambulatoire. Onze chapelles enveloppent l’ensemble.

Le 13ème siècle

Seuls témoins de l’église du 13ème siècle, les deux dernières travées de la nef et le transept sont remarquables par leur sobriété. Un triplet qui rappelle celui du chevet de Saint-Jean-aux-Bois ajoure les deux façades du transept dont le mur ouest garde, seul aujourd’hui, témoignage de l’élévation primitive. Celle-ci est caractérisée par le petit quatre feuilles qui ajoure le niveau intermédiaire, correspondant aux combles du bas-côté. Rare, ce dispositif se retrouve cependant à Saint-Martin-aux-Bois.

Hormis les deux dernières travées qui, bien que dénaturées (quatre feuilles bouchés, chapiteaux grattés), sont clairement du 13ème siècle, le reste de la nef résulte d’une audacieuse reprise en sous-oeuvre effectuée au 16ème siècle. Si les arcades à profil prismatique et sans chapiteau accusent bien le gothique finissant, il n’en est toutefois pas de même des parties hautes, dont l’analyse extérieure montre nettement qu’elles appartiennent, bien que remaniées, à la construction primitive.

Le 16ème siècle

Complétant ces travaux rendus sans doute nécessaires par les destructions consécutives à la guerre de Cent Ans, la façade illustre magnifiquement le style gothique flamboyant. Deux tourelles d’escaliers saillantes et terminées par des clochetons en charpente imposent leur silhouette dans une composition rigoureuse correspondant aux trois vaisseaux de la nef. Très développée, la partie centrale superpose, de part et d’autre d’une balustrade ajourée, un portail – dont le tympan a été refait mais dont les vantaux sont ceux d’origine – et une grande rose. Riche, mais sans excès, le décor souligne les grandes lignes d’une composition qui se retrouvait à la façade de Saint-Corneille dans la même ville.

Homogène, contrairement à la nef, le choeur est remarquable par la hauteur de son vaisseau central. Légèrement plus tardif que la façade et que les reprises en sous-oeuvre de la nef, il intègre déjà les formes en plein cintre qui prévaudront à la Renaissance. D’une très grande sobriété, l’élévation du vaisseau central superpose simplement, et en parfaite symétrie, grandes arcades et fenêtres hautes. Aucun chapiteau ne vient souligner la retombée des voûtes ni celle des arcades. Ce dépouillement de l’élévation met d’autant plus en évidence la complexité des voûtes, aux nombreuses nervures secondaires (liernes et tiercerons). Le même contraste se retrouve à l’extérieur où à la netteté du parti général – haut vaisseau central dominant la masse compacte des chapelles des bas-côtés et du déambulatoire – répond le riche décor des balustrades, des arcs-boutants à double volée et de leurs culées.

Les vitraux et le mobilier

Pratiquement rien n’a subsisté du mobilier ancien si l’on excepte la cuve baptismale du 12ème siècle en pierre noire de Tournai, provenant de Saint-Corneille, quelques éléments remployés de vitraux du 16ème siècle (dont un Arbre de Jessé autrefois à Gilocourt), plusieurs peintures intéressantes et une Vierge à l’Enfant de Jean-Jacques Caffieri. Plusieurs vitraux consacrés à Jeanne d’Arc et réalisés par le maître verrier Tournel dans les années 1920 ne sont pas dénués d’intérêt (2001).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur : le 13ème siècle

L'intérieur : le 16ème siècle

Les vitraux et le mobilier

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1850.
  • Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 276-285.
  • Baron de BONNAULT D’HOUËT, Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 135-138.
  • P. GUYNEMER, « Etude sur la paroisse et l’église Saint-Antoine de Compiègne », Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 13, 1910, p. 91-171.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Cantons de Compiègne. Vallée de l’Oise et Forêt de Compiègne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Compiègne, 2001, in 8° de 36 p., p. 11-13 (voir texte ci-dessus).
  • Philippe BONNET-LABORDERIE et François CALLAIS, Compiègne et son patrimoine : la ville et la forêt, Groupe d'Etude des Monuments et Oeuvres d'Art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), 2002, p. 69-71.
  • Jean-Yves BONNARD, "Les vitraux évoquant les deux guerres mondiales dans les églises de l'Oise", Société Historique, Archéologique et Scientifique de Noyon, Etudes noyonnaises, n° 288, mars 2016, p. 45.

Sites internet :

  • Inventaire général du patrimoine culturel
  • The Medieval Stained Glass Photographic Archive
  • Wikipédia (Pierre Poschadel, principalement)

Documents :

  • La façade de l’église au 18ème siècle par Tavernier de Jonquières (Bnf).
  • L’intérieur de l’église au 18ème siècle par Tavernier de Jonquières (Bnf).
  • Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.
  • Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.