L'église vue du sud-est (2001)

Montjavoult

Saint-Martin * * * Afficher la carte

Paroissiale

Diocèse : Rouen

Classé monument historique en 1913

Coordonnées GPS :
49°12' 53" N 1°47' 3" E
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Montjavoult, église Saint-Martin

La butte de Montjavoult, qui domine de ses 207 mètres le plateau du Vexin français, a été l’objet d’une occupation très ancienne mais qui reste assez mal connue. Des témoins des époques préhistoriques, gallo-romaine et du haut Moyen Age (nécropole) ont ainsi été reconnus et la dédicace de l’église à saint Martin suffit à elle seule à prouver l’implantation précoce d’une église au sommet de la butte. Assise sur un petit tertre qui en dégage bien la silhouette allongée que domine une massive tour de la Renaissance, Saint-Martin, possession de l’abbaye de Saint-Denis jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, est un édifice très complexe, à l’analyse passionnante.

Datant pour l’essentiel du 16ème siècle, il a en réalité pour base une église romane dont subsiste essentiellement le bas-côté nord mais qui peut être reconstituée grâce à l’analyse des maçonneries et de vestiges encore visibles dans les combles. Cette église, que l’on peut faire remonter au 11ème siècle, comportait une nef de trois travées avec bas-côtés, un transept saillant avec clocher sur la croisée et un chœur de plan inconnu. Fait absolument exceptionnel pour la région, la nef et ses bas-côtés (seul celui du nord en témoigne aujourd’hui) étaient couverts de voûtes en berceau plein cintre, un type de couverture réservé habituellement aux chœurs et travées sous clocher. Dans les combles, le mur gouttereau nord a gardé son appareil en arêtes de poisson et des petites fenêtres à claveaux simulés.

Au 13ème siècle, un chœur à chevet plat de deux travées avec bas-côtés remplacera le chœur roman. Il servira de base, avec le transept roman, à la reconstruction presque totale de l’église, entreprise dans les premières années du 16ème siècle suite aux destructions – nombreuses dans la région – intervenues durant la Guerre de Cent Ans. Couvertes de voûtes d’ogives à profil prismatique retombant par pénétration dans les piles, ces parties orientales sont surtout remarquables pour leurs fenêtres flamboyantes et l’on admirera tout particulièrement le magnifique chevet plat, percé en son centre d’une immense fenêtre au réseau caractéristique de cette dernière période de l’architecture gothique.

Les travaux se poursuivront par la nef, dotée de nouvelles voûtes et flanquée au sud d’un très large bas-côté destiné à pallier l’étroitesse du vaisseau central, d’origine romane. Portées à la même hauteur afin d’ouvrir au maximum les volumes, les six voûtes retombent au centre sur deux piles à noyau circulaire et, vers le sud, sur des chapiteaux corinthiens qui appartiennent clairement à la Renaissance.

C’est de ce style que se réclament l’exceptionnel portail et le clocher, bâtis en dernier dans les années 1550. Semblable à un arc de triomphe avec sa voûte à caissons fermement encadrée par deux colonnes cannelées et une large frise sculptée, le portail est, tant pas sa composition que par le foisonnement de son décor, l’une des œuvres majeures de la Renaissance dans le Vexin avec ceux de Marines et de Gisors. Plus austère mais construite avec le même soin, la tour trouve son pendant dans celles de Chaumont-en-Vexin, Chars ou encore Notre-Dame de Pontoise.

S’il n’est pas à la hauteur de l’intérêt architectural de l’église, le mobilier compte néanmoins quelques éléments intéressants au premier rang desquels il faut inscrire une exceptionnelle Vierge à l’Enfant en pierre, du 14ème siècle, et la maître autel, provenant de l’abbaye de Marcheroux à Beaumont-les-Nonains. (2003).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Chaumont, Oise, Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1827.
  • Jean-Baptiste FRION, Nouveau précis statistique sur le canton de Chaumont, Beauvais, Achille Desjardins, 1859.
  • L. LE BLEVENNEC, Montjavoult des origines à nos jours, Beauvais, 1936.
  • Bruno DECARIS, Eglise Saint-Martin de Montjavoult, Rapport pour le concours pour le recrutement d’architectes en chef des monuments historiques, 1984.
  • Bernard DUHAMEL, Guide des églises du Vexin français, Paris, 1988, p. 237-239.
  • Christian MENARD, « Montjavoult », Les Cahiers de la S.H.G.B.E, n°34, 1994, p. 13-25.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Chaumont-en-Vexin. Vexin et Pays de Thelle, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Vexin-Thelle, 2003, in-8° de 56 p., p. 40-41 (voir texte ci-dessus).
  • Philippe CHAMPY, Montjavoult, au carrefour de trois régions", Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 156-157-158, 2013.

Sites internet :

  • Wikipédia (Pierre Poschadel)

Documents :

  • Dessins axonométriques des partie romanes dissimulées dans les combles de l’église, réalisés par Bruno DECARIS, Eglise Saint-Martin de Montjavoult, Rapport pour le concours pour le recrutement d’architectes en chef des monuments historiques, 1984.

Notes :

  • Montjavoult : notes de visite du 29/7/1978