L'église vue du nord-est (2015)

Cambronne-les-Clermont

Saint-Etienne * * * * Afficher la carte

Paroissiale

Diocèse : Beauvais

Classé monument historique en 1875

Coordonnées GPS :
49°19' 50" N 2°23' 56" E
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Cambronne-les-Clermont, église Saint-Etienne

L’église Saint-Etienne, dont la silhouette imposante est allégée par un très élégant clocher octogonal à flèche en pierre, constitue l’un des édifices les plus remarquables du Clermontois, tant par son intérêt archéologique que par ses qualités esthétiques.

D’une première construction bâtie dans les années 1130 et sans doute déjà entièrement voûtée sur croisées d’ogives, restent essentiellement les bras du transept et l’enveloppe du bas-côté nord. Les voûtes des bras de ce transept, seules conservées, les petits personnages en forme d’atlantes à la retombée des ogives du bras sud, les chapiteaux – particulièrement ceux à volutes perlées – sont autant d’éléments qu’on retrouve à l’église contemporaine et voisine de Bury. Des rapports sont également évidents avec les églises de Mogneville et d’Ully-Saint-Georges et pourraient faire penser à l’intervention d’un même atelier.

Une petite vingtaine d’années plus tard, l’église, pourtant nouvellement bâtie à moins qu’elle n’ait été que commencée en laissant subsister l’essentiel de l’ancien édifice, est l’objet de transformations radicales. La nef est reconstruite en montant plus haut les murs gouttereaux et les bas-côtés reçoivent de nouvelles voûtes sur croisées d’ogives. Le clocher est repris en sous-œuvre peu après tandis qu’un second étage et la flèche achèvent l’ensemble. L’ordonnancement à la fois logique et sobre de la nef, où l’esthétique romane est encore présente malgré la technique « gothique » du voûtement adopté, est particulièrement remarquable. Elle constitue avec la nef de Bury ou encore celle, plus lointaine, de Lavilletertre un parfait exemple de l’architecture dite de transition entre le roman et le gothique.

A partir d’environ 1210, l’édification – en deux campagnes – d’un très beau chœur à chevet plat, long de quatre travées et flanqué de bas-côtés, ainsi que la reconstruction du bas-côté sud de la nef, élargi et porté à la même hauteur que le vaisseau central, donnent à l’église un visage qui n’a guère été modifié depuis. Une charte de dédicace encore conservée nous apprend que ces travaux sont dus aux libéralités de Mathilde, comtesse de Clermont, épouse d’Alphonse III, roi du Portugal, et que Robert, évêque de Beauvais, consacra l’ensemble le 4 décembre 1239.

L’exhaussement des toitures occasionné par ces travaux a malheureusement eu pour effet de diminuer l’extraordinaire impression d’élancement que devait produire le clocher, désormais « coincé  » entre une nef et un chœur qui masquent à l’ouest comme à l’est son premier étage.

L’élévation intérieure du chœur est tout à fait originale. Au-dessus de chaque grande arcade, une même ouverture inscrit trois baies géminées donnant sur les combles des bas-côtés – constituant ainsi une fausse tribune – que surmonte une courte fenêtre inscrivant un trilobe par où pénètre la lumière et qui se substitue à l’habituel niveau des fenêtres rencontré généralement. Une immense fenêtre au sobre réseau composé d’un triplet soutenant un large trilobe est percée dans le mur du chevet. On retrouve cette composition dans plusieurs églises de la région et, notamment, dans les parties orientales de Saint-Martin-aux-Bois.

Des fragments de fresques du 15ème ou du 16ème siècle se voient encore au revers du transept – Jugement dernier – et sur la voûte de la troisième travée du chœur où le Christ est entouré de la représentation symbolique des Évangélistes (1978, modifié 2015)

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

Le 12ème siècle : l'extérieur et le clocher

Le 12ème siècle : l'intérieur du transept

Le 12ème siècle : l'intérieur de la nef

Le 13ème siècle : l'extérieur du choeur et du bas-côté sud de la nef

Le 13ème siècle : l'intérieur du choeur et du bas-côté sud de la nef

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Mouy, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ s.d. (1835).
  • Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. C 1-14 et planche hors texte.
  • Antoine-Joseph WARME, Mouy et ses environs, Beauvais, 1873, p. 319-358.
  • Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 212-219.
  • Abbé Eugène MÜLLER, "Entre Creil et Clermont. Course archéologique", Comité archéologique de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1892, p. XLVI-LI.
  • Eugène LEFEVRE-PONTALIS, Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 43-47.
  • Jean ROCARD, Rapport descriptif et archéologique sur l’église de Cambronne-les-Clermont, Mémoire pour le concours d’architecte en chef des Monuments Historiques, 1956.
  • Lucien CHARTON, Liancourt et sa région, Liancourt, 1969, p. 179-187.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise, I, Nouvelles Editions Latines, 1978, in-8° de 34 p., p. 7 (voir texte ci-dessus).
  • Anne PRACHE, Ile-de-France romane, Zodiaque, La nuit des temps 60, 1983, p. 199-201.
  • Philippe PLAGNIEUX, « Deux phases successives de la première architecture gothique dans l’Oise : l’église de Cambronne-les-Clermont », Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 27, 2-20, 1987.
  • Philippe BONNET-LABORDERIE, « Les peintures murales de Cambronne-les-Clermont », Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 27, 21-26, 1987.
  • Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 118-126.

Sites internet :

  • Creation of Gothic Architecture
  • Inventaire général du patrimoine culturel
  • Mapping Gothic France
  • Wikipédia (Pierre Poschadel, principalement)

Documents :

  • Extrait de Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l’ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849 : CAMBRONNE. PL. I à VI.

Notes :

  • Cambronne-les-Clermont : résumé de la thèse soutenue par Jean ROCARD en 1956