Situé entre l’Oise et la forêt de Laigue, le territoire de Saint-Léger-aux-Bois relevait directement du roi de France lorsque Philippe 1er s’en sépara, en 1083, au profit de l’abbaye bénédictine de la Sauve-Majeure, dans le Bordelais. Cinq religieux vinrent alors s’y établir pour fonder un prieuré. C’est l’église de ce dernier, bâtie en pierres soigneusement appareillées à la charnière des 11ème et 12ème siècles, qui existe encore aujourd’hui. Malgré d’inévitables vicissitudes – reconstruction des bas-côtés aux 16ème et 18ème siècles, restauration drastique de l’abside au 19ème siècle, reconstruction du bras nord du transept et de son absidiole après la Guerre 14-18, pour ne citer que les interventions les plus importantes – l’édifice reste très proche de son état d’origine, ce qui est exceptionnel et en fait ainsi l’une des églises romanes les plus intéressantes de l’Oise.
Son plan est formé d’une nef de cinq travées avec bas-côtés (dédiée à saint Jean-Baptiste, elle était réservée à la paroisse) et d’un ensemble oriental (dédié à saint Léger et à usage du prieuré) composé d’un transept saillant sur lequel sont greffées une abside et deux absidioles selon le schéma bénédictin traditionnel. Le vaisseau central de la nef est totalement inarticulé et la notion de travée n’apparaît que dans la succession des arcades en plein cintre et des fenêtres qui les surmontent. Rectangulaires du côté de la nef, les piles sont renforcées, vers le bas-côté, d’un pilastre qui se continue à l’extérieur pour former contrefort et raidir ainsi les hauts murs de la nef. Un grand arc diaphragme introduit au transept, qui ne forme pas une croisée régulière. En effet, les deux arcades qui assurent la communication avec les croisillons ont une hauteur moindre et, à l’extérieur, les toitures de ces derniers prennent appui sur les murs gouttereaux du vaisseau central, qui ne s’interrompent donc qu’à la naissance du choeur. Saint-Léger offre ainsi un parfait exemple du transept bas, un parti d’origine préromane qui sera rapidement délaissé au profit de la croisée constituée de quatre arcades d’égales hauteurs.
Bien que très restauré, le choeur a gardé ses volumes d’origine et associe, selon une formule répandue à l’époque, une travée droite couverte d’un berceau en plein cintre et une abside légèrement plus étroite, couverte d’un cul-de-four. Un tailloir en bandeau continu marque le passage entre les murs et les voûtes. Les piédroits des trois fenêtres en plein cintre comportent des colonnettes avec bases et chapiteaux, refaits au 19ème siècle. Les absidioles sont construites selon le même principe, mais ne comportent ni tailloir ni ressaut. L’extérieur est tout aussi remarquable.
La façade, qui n’est d’origine que dans sa partie centrale, vaut surtout pour la très belle fenêtre ouverte au-dessus du portail, quant à lui trop dénaturé. Son archivolte est décorée de dents d’engrenage circonscrits par un tore reçu sur deux colonnettes avec chapiteaux. Au-dessus, une moulure à billettes décalées souligne à nouveau l’archivolte et se poursuit, de chaque côté, sur toute la largeur de la façade. Le chevet, qui a conservé ses volumes d’origine, illustre magnifiquement le principe du transept bas et constitue, avec l’ensemble formé par l’abside et les deux absidioles, un exemple type d’architecture romane. Sa seule décoration réside dans la corniche à décor de ruban plissé qui couronne l’abside et les croisillons. Présente également à la nef, elle se retrouve dans plusieurs églises de l’Aisne ainsi qu’à Berneuil-sur-Aisne (2008).
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Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome II, Paris, 1897, p. 226-228 et planche hors texte.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 278.
- Danielle JOHNSON, Architectural Sculpture in the Region of the Aisne/Oise Valleys during the Late 11th/Early 12th Century, Thèse de Doctorat de l’Université de Leiden (dactylographiée), 1984.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 93-94 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 72-73.
Documents :
- Extrait de Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome I, Pl XIV, Paris, 1897 (dessins de Léon Guellier).
- Extrait de Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome I, Pl XV, Paris, 1897 (dessins de Léon Guellier).
- Extrait de Arthur MÄKELT, Mittelalterliche Landkirchen aus dem Entstehungsgebeite des Gotik, Leipzig, réimpression de l’édition originale de 1906, p. 43.