L'église vue du sud-ouest (2017)

Cauvigny

Saint-Martin * * Afficher la carte

Paroissiale

Diocèse : Beauvais

Classé monument historique en 1920

Coordonnées GPS :
49°18' 6" N 2°14' 55" E
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Cauvigny, église Saint-Martin

Peu d’églises illustrent aussi bien que Saint-Martin à quel point l’histoire d’un édifice peut être complexe, l’état actuel n’étant finalement que le résultat des innombrables modifications qui ont jalonné son existence. Comme souvent dans nos régions, les parties les plus anciennes ne remontent pas au-delà du 11ème siècle. C’est la date qu’il faut assigner au mur sud de la nef avec son appareil fait de moellons grossiers et les vestiges d’une petite fenêtre en plein cintre, avec claveaux appareillés et sans ébrasement extérieur. L’église d’alors comportait donc une simple nef unique.

Le 12ème siècle, période d’intense activité constructrice, allait considérablement modifier l’aspect de cette première église. D’une première campagne, vers 1140, restent trois travées du bas-côté nord : celle située au droit de la travée du clocher et les deux qui la précèdent. Très fortement modifiées au 16ème siècle où toutes les retombées ont été refaites, elles sont cependant identifiables par le profil de leurs ogives – un simple tore en saillie – et leur bombement très marqué. La plus orientale, qui a encore ses voûtains d’origine, est la mieux conservée, ceux des deux autres voûtes ayant été refaits au 16ème siècle. Elles s’inscrivent dans ce mouvement architectural qui, durant la première moitié du 12ème siècle, a fait du Beauvaisis un champ d’expérimentation de la voûte d’ogives, une technique qui permettra l’essor du gothique. Elles peuvent être rapprochées de plusieurs voûtes d’Ully-Saint-Georges.

Peu de temps après (vers 1150/60), une nouvelle campagne de travaux démarre sur l’autre flanc de l’église. On lui doit le croisillon sud – il sera très remanié au 16ème siècle -, la corniche de la nef et le clocher. A l’intérieur ne subsistent plus de cette époque qu’un faisceau de colonnettes avec chapiteaux à décor de feuilles lisses et volutes et l’arcade ouest. A l’extérieur, le mur sud est percé d’une fenêtre en plein cintre à ressaut et moulure biseautée et est épaulé par deux puissants contreforts dont la taille paraît, à vrai dire, disproportionnée. Tout ceci renvoie à nouveau à Ully-Saint-Georges. Le mur ouest a été implanté de biais afin de ménager, depuis la nef, un passage direct vers ce croisillon.

Le clocher est une très élégante tour octogonale à flèche de pierre. Il s’élève au-dessus d’un soubassement carré dont les quatre angles comportent des pans coupés pour assurer la transition avec l’étage du beffroi. Celui-ci est ajouré de baies en plein cintre à ressaut soulignées par des moulures et des colonnettes. Une corniche beauvaisine marque la naissance de la flèche octogonale en pierre, dont les pans sont décorés de chevrons. Ce très beau clocher roman a été bâti par le même atelier que celui de Cambronne-les-Clermont qui, bien que comportant deux étages, est absolument identique.

Mis à part le percement d’une fenêtre à réseau rayonnant vers 1300 dans le mur en biais du croisillon sud, c’est au 16ème siècle que l’église connaîtra sa dernière campagne de travaux d’importance. De cette époque, qui correspond à la fin du gothique, datent en effet le voûtement de la nef et le réaménagement de sa façade ouest; le prolongement du bas-côté sud jusqu’à la façade et la profonde modification des travées existantes (tout le flanc nord de l’église est d’un style homogène); la reprise en sous-oeuvre de la base du clocher (refaite à nouveau en partie en 1646) et la construction du choeur (une verrière consacrée aux saints Pierre et Paul y est posée en 1528 (elle partira pour la cathédrale de Beauvais en 1551 et semble avoir disparu depuis son démontage en 1939).

S’il n’y a guère à dire de la nef et de son bas-côté, dont les ogives des voûtes retombent par pénétration dans les supports, il faut en revanche admirer le beau morceau d’architecture qu’est le haut et lumineux choeur. Greffée directement sur l’étroite base du clocher – dont la voûte est alors portée à la même hauteur que la nouvelle construction -, la première travée adopte un plan trapézoïdal qui permet de donner une belle ampleur à l’abside pentagonale, éclairée par des fenêtres flamboyantes. La voûte, au magnifique réseau compliqué de liernes et de tiercerons, retombe sur des faisceaux de colonnettes ondulées par l’intermédiaire de chapiteaux décorés de créatures fantastiques, mi-personnages, mi-végétaux déjà dans l’esprit de la Renaissance (1998).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Bibliographie :

  • Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. C 24-25 et planche hors texte.
  • Philippe BONNET-LABORDERIE, GEMOB, n° 37-38, 1989, p. 48-50 (sur les vitraux provenant de la cathédrale de Beauvais).
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Noailles. Pays de Bray, Pays de Thelle et Vallée du Thérain, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Pôle Vexin-Sablons-Thelle, 1999, in 8° de 32 p., p. 7-9 (voir texte ci-dessus).

Sites internet :

  • Creation of Gothic Architecture
  • Inventaire général du patrimoine culturel
  • Wikipédia (Pierre Poschadel)

Documents :

  • Extrait de Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l’ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849 : CAUVIGNY.

Notes :

  • Cauvigny : notes de visite du 2/11/1975
  • Cauvigny : notes de visite du 21/6/1996