La façade vue du sud-ouest (1995)

Crépy-en-Valois

Saint-Thomas-de-Cantorbéry * * * Afficher la carte

Collégiale

Diocèse : Senlis

Classé monument historique en 1875

Coordonnées GPS :
49°14' 4" N 2°53' 24" E
Fermer la carte

Crépy-en-Valois, collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry

Bien que mutilée et réduite à sa seule façade occidentale à la suite de sa vente comme Bien national en 1792, la collégiale Saint-Thomas garde encore belle allure. Elle a été fondée en 1182 par Elisabeth – héritière du comté de Valois par son père, Raoul de Vermandois – et Philippe d’Alsace, son mari, en souvenir et en l’honneur de l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket, avec qui ils entretinrent des liens d’amitié lorsque celui-ci était réfugié en France. De retour en Angleterre, il devait être assassiné dans sa cathédrale en 1170 et canonisé trois ans plus tard.

La façade de Saint-Thomas est du type harmonique, c’est à dire que deux tours, correspondant aux bas-côtés, encadrent symétriquement la partie centrale, correspondant à la nef. C’est le parti des grandes cathédrales gothiques et il ne fait guère de doute que des façades comme celles de Notre-Dame de Senlis ou du transept de Notre-Dame de Laon, qui étaient en voie d’achèvement lorsque démarra la construction de Saint-Thomas, ont servi de modèle, au moins pour les grandes lignes d’une composition où l’on retrouve la même platitude des surfaces murales que scandent les quatre puissants contreforts associés aux tours.

Le parti pris d’austérité qui prévaut au niveau inférieur et à la tour nord, les premiers bâtis, semble progressivement abandonné ensuite. En partie centrale, l’immense rose – malheureusement privée de son réseau – est en effet inscrite entre deux rangs de quatre feuilles tandis que des rosaces à huit lobes l’accompagnent dans les angles. Aux parties supérieures de la tour sud, bâties en dernier, un réseau d’arcatures aveugles retombant sur des colonnettes en délit et deux petites roses à six lobes habillent et ajourent les faces ouest et sud dans une recherche décorative encore plus poussée. De même, la fenêtre qui s’ouvre à l’est, formée de deux lancettes et d’une rose, appartient à un type qui, inauguré à la cathédrale de Soissons, sera repris dans tous les grands édifices du premier quart du 13ème siècle tandis que celles de la tour nord, formée d’une simple lancette, restent dans la tradition du siècle précédent.

L’élévation à trois étages de la nef – grandes arcades, triforium et fenêtres hautes – inscrivait Saint-Thomas parmi les édifices novateurs de son temps. Selon un parti inhabituel, le portail principal s’ouvrait sur la seconde travée du bas-côté sud. Aménagé dans un deuxième temps – il en reste la partie gauche – il possédait un trumeau avec la statue de saint Thomas Becket.

La construction de l’édifice devait connaître ensuite un long arrêt, le transept et le choeur n’étant entrepris qu’au 14ème siècle. La tour sud a perdu l’étage correspondant au beffroi et sa flèche lors du siège de Crépy par les Anglais en 1434 tandis que la flèche de la tour nord, écho lointain et modeste de celle de la cathédrale de Senlis, a été reconstruite entre 1520 et 1528. Trop grèle pour la plate-forme qui la reçoit, elle appartient à la nombreuse famille des flèches gothiques du Valois.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 2019, un écroulement partiel des voûtes associées à la tour sud et à la première travée du vaisseau central a malheureusement mis en danger et défiguré toute cette partie de l’édifice (1996, modifié 2019).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1843.
  • Dr. Alfred BOURGEOIS, « Histoire de Crépy et de ses dépendances, de ses seigneurs, de ses châteaux et de ses autres monuments, depuis l’époque la plus reculée jusqu’à nos jours », Comité archéologique de Senlis. Comptes-rendus et mémoires, 1868, p. 142-155.
  • Abbé RENET, "Saint Thomas Becket, ses historiens, son culte, sa naissance, son passage, ses parents dans le Beauvaisis", Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise", t. 13, 1886-1888, p. 5-168.
  • Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 506-517.
  • Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 192-197.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 20-21 (voir texte ci-dessus).

Sites internet :

  • Creation of Gothic Architecture
  • Inventaire général du patrimoine culturel

Documents :

  • L’intérieur de l’église au 18ème siècle par Tavernier de Jonquières (Bnf).
  • Plan de Saint-Thomas-de-Cantorbéry avant la Révolution dans Dr BOURGEOIS, « Histoire de Crépy et de ses dépendances », Comité archéologique de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, 1869-1871, h.t.
  • Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.