L'église vue du sud-est (2015)

Le Fay-Saint-Quentin

Saint-Laurent * * Afficher la carte

Prieuré-cure

Diocèse : Beauvais

Inscrit monument historique en 1926

Coordonnées GPS :
49°27' 9" N 2°15' 9" E
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Le Fay-Saint-Quentin, église Saint-Laurent

A peine dominée par un modeste clocher en charpente recouvert d’ardoises, la longue et basse silhouette de Saint-Laurent, à l’apparence assez banale, dissimule en réalité un édifice d’un immense intérêt dont l’extrême complexité constitue un véritable défi et ne permet pas de lever certains des problèmes qu’il pose.

La paroisse dépendait depuis le 11ème siècle de l’abbaye Saint-Quentin de Beauvais, qui y avait établi un prieuré. Compte tenu des partis architecturaux qui caractérisent l’église Saint-Laurent, on peut légitimement se demander s’il ne s’agissait pas de l’église du prieuré, qui pouvait avoir, comme pour d’autres cas, le statut de prieuré cure.

Son plan est constitué d’une nef de quatre travées que termine un petit chœur carré. Un bas-côté flanque la nef au sud. Mais cette apparente simplicité du plan cache en réalité une histoire architecturale infiniment plus difficile à appréhender. L’analyse des maçonneries et du décor montre que l’essentiel des parties les plus anciennes remonte au début du 12ème siècle et que, malgré les modifications ultérieures, le plan de l’édifice était identique à celui que l’on observe aujourd’hui.

Dans les dispositions de cette époque, l’église comportait donc une nef étroite de quatre travées couvertes de voûtes d’arêtes (elles subsistent sur les travées deux et trois). Dans l’Oise, qui a connu très tôt la voûte d’ogives , elles constituent une véritable rareté dans leur association avec une nef. Lui faisait suite le petit chœur carré actuel, sans doute couvert également d’une voûte d’arêtes. La première travée, non voûtée, a été bâtie en 1736 aux dires de Graves. Elle pose de nombreux problèmes qu’il serait trop long d’exposer ici (comment interpréter, par exemple, le petit appareil du mur nord et sa fenêtre sans ébrasement extérieur ?) mais devait déjà exister – dans son principe – au 12ème siècle puisqu’elle correspond à la travée du bas-côté qui comporte un intéressant portail de cette époque.

Celui-ci comporte un tore qui en souligne l’archivolte et deux colonnettes qui en garnissent les piédroits. Son tympan est décoré de pierres disposées en losange – opus reticulatum – comme à Allonne et Saint-Remy l’Abbaye, à Agnetz, qui datent de la même époque mais sont plus élaborés. Très remanié au 16ème siècle, où il a notamment reçu des voûtes d’ogives, ce bas-côté conserve toutefois partiellement une corniche romane qui confirme son appartenance à l’église d’origine.

A l’intérieur, on notera les dispositions particulières de la dernière travée de la nef. L’arc doubleau qui introduit à celle-ci est souligné par deux tores sur sa face ouest, comporte un ressaut à l’est et est reçu de chaque côté sur une demi-colonne par l’intermédiaire d’un chapiteau. Celui du nord comporte un tailloir à décor géométrique et un aigle en garni l’un des angles de la corbeille. Celui qui lui fait face est une interprétation romane du chapiteau corinthien, un décor qui se retrouve aux deux chapiteaux associés à l’arcade qui introduit au petit chœur carré ainsi que dans plusieurs églises de la région : Allonne et Agnetz, à nouveau, ainsi que Noailles ou Saint-Arnoult de Clermont. En réalité, l’accent mis sur cette dernière travée de la nef doit la faire considérer comme le chœur d’origine en association avec le petit chœur carré actuel, son sanctuaire.

Ce dernier ensemble se remarque, en outre, par les deux voûtes d’ogives qui le recouvre. Montées dans le second quart du 12ème siècle, elles rappellent celles, contemporaines, de la cathédrale de Senlis et remplacent les voûtes d’arêtes d’origine, qui s’étaient écroulées comme le montrent les reprises visibles à la dernière travée, un événement qui aurait pu également concerner la première travée de la nef. C’est sans doute à ces travaux de reconstruction partielle qu’il faut attribuer les parties hautes du mur nord avec sa corniche beauvaisine (elle existe également au sud, dissimulée par les combles du bas-côté). Son faible relief ne saurait en effet la placer à la même date que la pittoresque corniche du chœur qui, avec sa tablette sculptée de billettes et ses modillons décorés d’animaux fantastiques, est sans doute d’un demi-siècle plus ancienne.

Parmi les travaux suivants, et outre le bas-côté qui n’a guère d’autre intérêt que son portail roman, on remarquera la fenêtre percée au début du 13ème siècle dans le mur est du chœur, en remplacement du ou des ouvertures romanes primitives. Constituée de trois lancettes dont celle du centre, plus haute, s’encadre de deux oculi, elle constitue une copie simplifiée de celle qui s’ouvre au chevet de l’église de Bury (2020).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Nivillers, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1830.
  • Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. F 1-4 et planche hors texte.

Sites internet :

  • Creation of Gothic Architecture

Documents :

  • Extrait de Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l’ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849 : FAY-SAINT-QUENTIN. PL I à III.

Notes :

  • Le Fay-Saint-Quentin : notes de visite du 16/9/1995