Les fenêtres du mur nord de la chapelle de l'abbé (2004)

Breteuil-sur-Noye

Notre-Dame * * * Afficher la carte

Abbaye

Diocèse : Beauvais

Classé monument historique en 1883 et inscrit en 1996

Coordonnées GPS :
49°37' 51" N 2°17' 48" E
Fermer la carte

Breteuil-sur-Noye, abbaye Notre-Dame

Implantée dans une partie marécageuse de la vallée de la Noye transformée en beau parc à l’Anglaise, l’abbaye Notre-Dame n’est plus que l’ombre d’elle-même. Détruite lors des invasions normandes, elle est rétablie dans les années 1030/1040 par le comte de Breteuil Gilduin. Grâce à de nombreuses donations et à un pèlerinage fréquenté justifié par la possession des reliques de saint Constantien, l’abbaye accroît rapidement ses biens temporels dans les villages de la région tandis que huit prieurés dépendent directement d’elle.

La Guerre de Cent Ans va mettre un terme à cette période faste tandis que la mise en commande, en 1527, précipite un déclin que ne font qu’accentuer les Guerres de Religion. La réforme mauriste, instaurée en 1645, marque un dernier sursaut avant que la Révolution ne déclare l’ensemble comme bien national en 1790 avec, pour corollaire, la vente et la destruction d’une partie des bâtiments, dont l’église, au début du 19ème siècle. Les constructions qui subsistent aujourd’hui, principalement de la fin du 15ème siècle et des années 1780, hébergent depuis les années 1960 une maison de repos médicalisée dont l’administration apporte le plus grand soin à la mise en valeur des trop rares restes médiévaux encore conservés.

Jusqu’aux reconstructions intervenues à la fin du 18ème siècle, le monastère avait gardé son aspect médiéval et l’on y remarquait plus particulièrement l’église Notre-Dame, vaste édifice long de 65 mètres, dédicacé en 1165 et d’aspect encore roman, et les bâtiments abbatiaux – cloître, réfectoire, logis – principalement du 13ème siècle. C’est de cette époque, plus précisément de l’abbatiat de Werric (1291-1308), que date la chapelle Notre-Dame, sans doute chapelle privée de l’abbé, minuscule morceau d’architecture (11 m par 5,50 m) dont l’exceptionnel raffinement rend encore plus douloureuse la perte des parties contemporaines du monastère médiéval. Elle est assise sur un premier niveau de qualité comparable, dont les trois travées voûtées d’ogives communiquaient autrefois de plain-pied avec le cloître. Sa destination première est inconnue et s’il est tentant d’y voir le premier niveau d’une chapelle à deux étages ou une chapelle funéraire des abbés, rien ne peut être affirmé avec certitude.

La chapelle proprement dite comporte cinq travées étroites et aveugles dont les voûtes d’ogives retombent sur douze culs-de-lampe sculptés, partiellement bûchés, mais d’une qualité rare. Au milieu de motifs végétaux taillés avec virtuosité, on reconnaît un saint Nicolas, un concert d’anges, une procession, le Lavement des pieds…Les clefs de voûte sont tout aussi remarquables. La lumière pénètre par une triple baie inscrite dans un panneau rectangulaire sans relation avec la voûte et occupant la totalité du côté nord. Chaque baie comporte deux lancettes trilobées surmontées d’un quadrilobe. A l’extérieur, les colonnettes encadrant les baies sont coiffées par de petits chapiteaux délicatement sculptés tandis qu’à l’intérieur tout le réseau est simplement chanfreiné. Un rare pavage en carreaux de terre cuite émaillée décorés de motifs géométriques, d’animaux, de personnages… et le gisant de l’abbé Nicolas Corbel, mort en 1418 (ce dernier au niveau inférieur) complètent cet ensemble absolument exceptionnel (2005, modifié 2016)

Chronologie :

Points d'intérêt :

Eléments de construction :

Galerie :

Vues générales et étage inférieur de la chapelle de l'abbé

L'extérieur de la chapelle de l'abbé

L'intérieur de la chapelle de l'abbé

Bibliographie :

  • Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. B 12-14 et planche hors texte. Nota : Woillez a attribué par erreur les vestiges romans qu'il a décrits à l'église abbatiale Notre-Dame alors qu'ils appartenaient en réalité à l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, détruite en mai 1940.
  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1843.
  • Amédée BEAUDRY,"Notes sur l'histoire de l'abbaye et de la paroisse de Breteuil pendant la première moitié du XVIIe siècle", Société Archéologique et Historique de Clermont, Procès-verbaux et communications di verses, 1903, p. 14-19.
  • Amédée BEAUDRY, "Origine, restauration et premières datations de l'Abbaye de Breteuil", Société Archéologique et Historique de Clermont, Procès-verbaux et communications di verses, 1903, p. 26-30.
  • Amédée BEAUDRY, "Chapitre quatorzième du manuscrit Wyard (Texte original et commentaires)", Société Archéologique et Historique de Clermont, Procès-verbaux et communications di verses, 1903, p. 44-49.
  • Amédée BAUDRY, "Une épave de l'abbaye de Breteuil-sur-Noye", Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Clermont-de-l’Oise, 1910, p. 141-145.
  • Ernest LAURAIN, "Epigraphie du canton de Breteuil-sur-Noye", Comptes-rendus et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-en-Beauvaisis, 1944, p. 77-115.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecoeur, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005, in 8° de 64 p., p. 16-17 (voir texte ci-dessus).

Documents :

  • Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.
  • Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.

Notes :

  • Note sur l’abbaye de Breteuil par Jean-Charles CAPPRONNIER (s.d.)
  • Breteuil / Abbaye Notre-Dame : notes de visite du 27/8/2004